A l’heure de la Covid-19, Averda se relâche

L’entretien des voiries urbaines de Brazzaville par la société Averda semble connaître une décroissance de plus en plus remarquable ces dernières années.
Un jour de décembre 2020, le soleil est au zénith. Il est 13h à Brazzaville. Nous arpentons le tronçon Moukondo-Mazala, dans le quatrième arrondissement de Brazzaville, la température avoisine les 32 degrés Celsius et l’embouteillage a pris ses quartiers. À cela vient s’ajouter une odeur pestilentielle que les véhicules chargés du ramassage des ordures d’Averda laissent échapper, en raison de la collecte qui se fait en plein après-midi, heure de pointe.
Autre constat, le vendredi 12 février comme bien d’autres jours maintenant, les habitants se réveillent le nez dans les poubelles. Sur les avenues et les grandes artères de Brazzaville, les immondices jonchent les voies publiques pendant des jours. Les poubelles vomissent des déchets déposés la veille. L’odeur nauséabonde de détritus envahit les rues.
Cette tendance tardive de ramassage d’ordures se fait de plus en plus remarquée ces derniers temps et amplifie les problèmes déjà existant comme :
Le rétrécissement des chaussées
Les bacs pleins à craquer et les résidus étalés sur la chaussée s’ajoutent au lot des problèmes qui accroissent les embouteillages dans la ville de Brazzaville. En effet, les ordures occupent une partie de la chaussée lorsqu’elles débordent des bacs. Ceux qui sont placés à proximité des arrêts de bus rétrécissent ainsi la chaussée, obligeant les conducteurs à dévier tant soit peu leur trajectoire. Et lorsque la voie est étroite, comme par exemple sur l’avenue de la Tsiemé, vers le marché Texaco, la circulation qui habituellement n’est pas fluide devient encore plus encombrante.
Bouchage des caniveaux
Brazzaville est particulièrement vulnérable en saison des pluies. En raison d’infrastructures d’assainissement sous-dimensionnées. Les infrastructures de drainage pluvial présentent des faiblesses qui rendent la ville vulnérable aux inondations. A cet effet, lorsque le ramassage des poubelles n’est pas régulier les résidus disproportionnés qui remplissent les bacs d’Averda sont drainés par les eaux de pluies bouchant ainsi les caniveaux. Conséquence, les eaux stagnent et accroissent le risque d’apparition des épidémies.
Problème de santé publique
Les revendications des habitants portent souvent sur les odeurs nauséabondes, le risque d’un impact sanitaire et de pollution.
Les bacs bleus de la société contenant ces ordures sont placés pour certains devant des endroits très fréquentés tels que les arrêts de bus, les débits de boissons ou encore les marchés à ciel ouvert. D’une façon générale, les décharges qui viennent des déchets ménagers contiennent beaucoup de matières organiques et beaucoup d’eau. Si le liquide résiduel qui provient du passage de l’eau à travers les déchets est insuffisamment traité, un réel risque pour la santé est inévitable.
Nous sommes sans ignorés que ce manque d’entretien, en cette période pluvieuse et à l’heure de la Covid-19, accroit le risque d’apparition d’autres épidémies. Les règles d’hygiènes dont l’assainissement des voiries urbaines et le ramassage d’ordures doivent donc être de mise.
Si les ordures s’accumulent dans les rues c’est aussi parce que les citoyens les déposent anarchiquement. Entre manque de civisme et perte de confiance dans l’Etat, son rôle reste à encadrer.
Deux phénomènes contradictoires apparaissent. A la fois, les gens veulent se débarrasser le plus vite possible de leurs poubelles, quitte à les jeter n’importe où et en même temps, beaucoup d’habitants ne supportent pas de voir ces poubelles étalées sur la chaussée. Le ras-le-bol des poubelles s’illustre donc dans un rejet total des déchets.
Le rapport du citoyen à ses déchets est aussi lié à la perception qu’il a de l’Etat et de son pouvoir. Entre la communication et l’installation matérielle d’outils, imposer le respect de la voie publique et de l’environnement est capital.
Si une police municipale formée spécifiquement pour la question de l’environnement doit voir le pour enrayer le phénomène des ordures dans l’espace public, il semble nécessaire qu’elle travaille avec les associations de protection de l’environnement qui œuvrent sur le terrain.
Le système de collecte des déchets est un système complexe, qui fait intervenir de nombreux acteurs tant publics que privés. Même si, la responsabilité de la propreté semble se déplacer des municipalités vers l’Etat, ce dernier reste un acteur plus à même de coordonner les actions de chacun.
1 Comment
Averda entend les préoccupations récemment soulevées concernant les opérations de gestion des déchets dans la ville de Brazzaville. Nous regrettons que celles-ci n’aient pas toujours été à la hauteur des standards de Averda au cours des derniers jours.
Ces complications sont causées par des contretemps opérationnels et financiers indépendants de notre volonté. Cependant, nous avons déjà pris les mesures nécessaires afin de remédier à la situation qui nous l’espérons sera résolue dans les jours qui viennent.
Nous espérons une reprise de nos services habituels dans les plus brefs délais et nous remercions la population de Brazzaville pour sa patience.
Averda