À Madrid, une manifestation monstre pour défendre le système de santé public

Pour la troisième fois en trois mois, des centaines de milliers de manifestants ont défilé ce dimanche 12 février dans les rues de la capitale espagnole pour dénoncer le manque d’effectif et de moyens dans le système de santé public.
Ils étaient un million de manifestants à défiler dans les rues de Madrid, selon les syndicats. La préfecture avance, de son côté, le chiffre de 250 000 personnes, signe que la mobilisation s’est renforcée ces derniers mois et semaines dans la communauté de Madrid.
Bien que cette région soit la plus riche du pays, elle se situe en avant-dernière position des 18 régions espagnoles en matière d’investissement en santé publique, avec 1 491 euros par an et par habitant, selon le dernier rapport du ministère de la Santé datant de 2020.
Grève du personnel soignant
On a ainsi assisté dans la capitale espagnole à une suite de grèves de médecins de la santé primaire qui se plaignent de l’absence de moyens, de personnel, d’argent. En conséquence, environ 80% émigrent et la colère se dirige contre la libérale Isabel Diaz Ayuso, la présidente de la Région Madrid. « Les médecins, ce n’est pas ce qui nous manque. Le problème, c’est qu’ils sont obligés d’aller ramasser les pommes de terre je ne sais pas où. Ici, le système ne fonctionne pas. Car on n’embauche pas assez de médecins », dénonce Josefa, retraitée, au micro de François Musseau.
Selon la FADSP, la Fédération des associations de défense de la Santé publique, qui organise la mobilisation, les médecins du secteur primaire ne disposent en moyenne que de 10 minutes par patient. Et souvent moins, car en cas d’absence, ils ne sont pas remplacés.
Pour Omid, médecin dans le centre de Madrid, le problème est de favoriser le secteur privé : « C’est une façon d’étouffer le système sanitaire, obligeant les gens à aller trouver mieux dans le privé. Si tu prives de financement le secteur public, alors les gens constatent qu’il n’y a pas de réponse agile à leurs maladies et recourent au système privé. Nous sommes des citoyens qui veulent continuer à prendre soin de notre système public ».
La présidente madrilène, Isabel Diaz Ayuso, a dit ne pas vouloir négocier. Mais il est possible, qu’elle y soit obligée, vu l’envergure du mécontentement.
(Et avec AFP)