Alerte : deux tonnes de fausses cigarettes sorties du port de Pointe-Noire avec la complicité des douaniers

Une cargaison contenant plus de deux tonnes de cigarettes contrefaites a été exfiltrée du port autonome de Pointe-Noire avec la complicité de réseau mafieux qui y opère. La marchandise est déjà en vente sur le marché Congolais. Cette cargaison importée par des commerçants étrangers provenait de l’Asie.
Le Congo est devenu un pays où opèrent des trafiquants étrangers avec la complicité des autochtones. Le port autonome de Pointe-Noire est la principale porte d’entrée des marchandises contrefaites et parfois avariées qui sont ensuite écoulées sur le marché national.
Abandonnées à leur propre sort, les populations consomment ces produits en toute ignorance par manque d’information. Les contrôles au port souffrant de la corruption à cause de la précarité salariale des agents affectés à cet effet sont devenus fantaisistes.
D’où viennent-elles?
La Chine est en effet le principal pays producteur de contrefaçons : les cargaisons sont ensuite stockées à Dubaï, puis écoulées dans les ports d’Afrique. Outre les mafias libanaises, on croise également des organisations criminelles du Sénégal, Mali, Nigeria qui s’adonnent à la contrebande au Congo.
Ces cigarettes contiennent des Métaux lourds en concentration élevée, bois, plastiques, excréments, la liste est longue.
Beaucoup plus de métaux lourds. Chargé d’analyser les saisies effectuées par les Douanes, le laboratoire de Marseille est formel : si les cigarettes contiennent de nombreux produits toxiques, leurs contrefaçons présentent des concentrations encore plus inquiétantes. En moyenne, une cigarette contrefaite renferme par exemple trois fois plus de cadmium et d’arsenic, sept fois plus de mercure et huit fois plus de plomb.
Du ciment, du bois, des cheveux… Mais il y a pire encore : les cigarettes contiennent très souvent des produits qui n’ont rien à y faire. Les analyses du laboratoire de Marseille ont ainsi permis de déceler la présence de ciment, de sciures de bois, de plastiques, de morceaux de tissus, de cheveux mais aussi de poils de bêtes. « On a même retrouvé des déjections de souris, puisqu’on a mis en évidence des fabrications en Chine qui se faisaient en sous-terrain, sous des bâches, enterré dans la terre. On y a donc retrouvé (des traces) de rats, d’insectes, de vers », détaille Denis Olivier, responsable du laboratoire. Et ce dernier de préciser que même lorsqu’il s’agit de vrai tabac, ce dernier peut être pollué car cultivé sur des friches industrielles n’ayant pas été décontaminées.
Un papier bien plus dangereux. Le papier à cigarettes de contrebande n’est également pas de la même qualité et ne répond pas aux normes européennes. « La réglementation européenne définit le potentiel incendiaire, c’est-à-dire qu’une cigarette va pouvoir s’arrêter toute seule s’il n’y a pas d’aspiration sur le bout de la cigarette. C’est fait pour éviter des incendies, notamment lorsque les gens fument dans leur lit. Or les cigarettes de contrefaçon n’ont pas ce dispositif-là », souligne Denis Olivier.
Même le filtre est contrefait. Habituellement, le filtre d’une cigarette est constitué de ouate. Mais les réseaux mafieux préfèrent, pour des raisons de coût, fabriquer les leurs en polypropylène. Un plastique habituellement utilisé dans l’industrie automobile ou encore pour concevoir des tapis synthétiques
Une imitation jusque dans les avertissements sanitaires. Si les paquets de cigarettes contrefaits ont longtemps été identifiables grâce à l’absence d’avertissements sanitaires, ce n’est désormais plus le cas. Devenue industrielle, la contrefaçon chinoise dispose même des outils nécessaires pour reproduire l’emballage à l’identique, avec le traditionnel message « Fumer tue ». Une descente des forces de l’ordre chinoise a ainsi récemment permis de découvrir qu’une réseau disposait de plus de 60 modèles d’emballages différents… pour la seule marque Marlboro.