Au-delà du discours du Président Sassou Nguesso

 Au-delà du discours du Président Sassou Nguesso

État de la nation, expression grandiose empruntée aux USA, futile prétention pour un pays qui ne réalise rien de costaud, la moindre broutille réalisée étant élevée au rang de prodige par les guenilles marxistes de communication que sont la propagande. Voilà une tare rédhibitoire qui constitue les armes et bagages du monopartisme avec laquelle l’incapacité de rentrer dans la culture démocratique et son sens de l’inventaire permanent.

Sur la forme, on pourrait résumer en une phrase, ces 17 pages du discours à la nation du Président Sassou Nguesso, que j’ai lues les dents serrées, « un Président ne devrait pas s’exprimer ainsi devant la Nation ». Entre contrefaçon permanemment de la réalité des faits et empilement des statistiques du siècle dernier, cette harangue n’était ni du niveau du premier ministre, ni même de celui d’un ministre s’exprimant devant une commission parlementaire. Les Congolais avaient l’impression d’écouter le maire de Pointe Noire ou de Brazzaville.

Sur le fond, on se situe entre la mémoire sélective et le manque d’humilité, devant la grandeur et la noblesse de la construction d’un État, et surtout d’une Nation. Aucune vision et pas de principes directeurs.

Quand le Président affirme qu’il faut améliorer la justice pour les investisseurs étrangers, on se demande pourquoi n’ose-t-il pas s’engager dans une perspective de construction d’un véritable État de droit. Aucune phrase pour les biens moraux, spirituels et les vertus qui fondent une Nation à bâtir, sur l’égalité, la liberté et la solidarité. Certains seraient tentés de dire, un grand maître maçon d’une grande loge aussi grande que le néant. C’est honteux de voir cette auguste assemblée d’épouvantails affables et assommés, aux visages décomposés par un sentiment de mal-être, mais tous impuissants face à une dictature parmi les plus féroces de ce monde.

Quand le Président stigmatise la corruption, la concussion et tutti quanti alors que c’est lui et son gouvernement qui sont nos véritables problèmes, il serait préférable pour lui de lire cette litanie lors du conseil des ministres, devant ce conglomérat de cyniques pilleurs, menant grand train en allant en week-end avec maîtresses à Dubaï et offrant à ces mêmes hétaïres des villas et des voitures somptueuses. Petite parenthèse, il est d’ailleurs courant d’entendre à Brazzaville et Pointe-Noire, ces jupons et filles de joie rivaliser d’aubaines affirmés « Zoba na nga osombeli nga Porsche éza garée na pavillon na nga na poto. Na kokumba yango na ba gants de conduite ! ». Le règne des profanateurs !

Au Congo, même si rien ne va et nous le savons tous, fallait-il que ce pouvoir médiocre montre ses dents et sacrifie un rite républicain pour que dure la croisière qui s’amuse ?

Dans cette triste affaire, la pointure de l’opposition qui a réagi prestement, a elle aussi obéi au genre. Les propos sont courageux, le diagnostic convaincant mais comment ne pas constater que tout bien considéré, le pouvoir et l’opposition sont installés dans un navrant statu quo ! Un vrai numéro de duettistes jouant une pièce de boulevard.

Pardon pour l’opposition, mais quand un peuple est aussi martyrisé sur la durée, ne pas réussir à se l’attacher, seule chance d’infléchir les choses qu’on le veuille ou pas, cela tourne à la complicité objective.

Nous aurions pu humilier ce pouvoir indéfendable, mais il est plus juste de le prendre en pitié. Tortue trainarde sous le monopartisme, que croyez-vous qu’il eût pu faire sous la démocratie. Le malentendu provient de là. Des amateurs intraitables ne peuvent pas devenir des cracks promouvant même une ébauche de développement.

Ce gouvernement et au-delà ce système, a initié pour se gérer, un mafieux entre soi qui a exilé la conscience pour chaque membre de la caste.

Pour ne pas laisser trop de choses de côté, attardons-nous une fois sur le martyr pluriel de Pointe-Noire. Produire la richesse fondamentale et devenir une poubelle à ciel ouvert, où est l’erreur ? Je crains qu’elle ne soit à chercher chez des notables corrompus, une fausse élite politique que la moindre promotion égare.

Le mot de la fin revient à tout seigneur tout honneur à ce puant tribalisme qui est à l’origine de tout.

Que Dieu bénisse le Congo-Brazzaville

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen

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