Centrafrique: les attaques des groupes armés en périphérie de Bangui repoussées

Des tirs ont été entendus, mercredi 13 janvier dans la matinée, dans la périphérie de la capitale centrafricaine. Des combats sont régulièrement signalés ces dernières semaines dans le pays depuis qu’une coalition de groupes rebelles s’est formée à la mi-décembre.
La ville est à nouveau calme depuis 10h (heure locale), mais la situation restait tendue dans la matinée, selon la Minusca. Des ratissages sont en cours, affirme le Premier ministre, alors que des hélicoptères russes survolaient la capitale dans la matinée. La situation reste volatile et floue.
À PK11, un habitant signale une reprise des déplacements des populations en fin de matinée alors qu’auparavant, les gens restaient cloîtrés chez eux et entendaient des tirs. Le centre-ville reste calme, les boutiques sont fermées, les avenues étaient vides ce matin avec des barrages de militaires bloquant ces axes. À midi, il y avait une reprise timide de l’activité dans certains quartiers de la capitale. La circulation des motos-taxis est interdite jusqu’à nouvel ordre.
Un habitant du PK12 explique que les gens ont toujours peur, malgré l’accalmie. C’est la première fois depuis l’émergence d’une nouvelle coalition rebelle mi-décembre que des tirs se font entendre dans les faubourgs de Bangui : « On a tous la peur au ventre. On ne sait pas à quelle heure on peut sortir pour compter les morts, s’il y a des morts… J’espère que l’armée pourra reprendre le dessus, pour essayer de recréer un climat de sécurité. Mais là, personne ne se sent en sécurité.«
Des sources humanitaires confirment que des blessés ont été reçus à l’hôpital communautaire. Ils sont en train d’être soignés.
Attaques aux entrées nord et ouest de la ville
Les tirs ont débuté vers 6h, ce matin, à PK11-PK12, l’entrée nord de la capitale. Les affrontements ont eu lieu entre 6h et 9h. Mais des tirs étaient encore entendus vers 10h. La Minusca confirme que sa base localisée à cet endroit a été attaquée par des éléments armés.
La riposte a été immédiate, conjointement avec les forces armées centrafricaines. Des renforts ont été envoyés sur place, précise la mission onusienne. Des affrontements ont aussi eu lieu à l’entrée ouest de la ville, vers PK9 à Bimbo, la route de MBaïki. Il semble que les rebelles ont tenté de passer le pont leur permettant de rejoindre Bangui, mais leur attaque aurait été repoussée. Il était difficile d’évaluer les forces en présence. Dans l’après-midi, la Minusca a déploré la mort d’un casque bleu rwandais dans les combats alors qu’un autre casque bleu est blessé.
Ce mercredi soir les rares personnes qui avaient osé mettre le nez dehors se pressent de rentrer chez elles. Le gouvernement a avancé le couvre-feu de deux heures. Il est passé de 20h à 18 heures. Après une accalmie à la mi-journée, les échanges de tirs ont repris dans l’après-midi, jusqu’à 16h environ dans les abords de la capitale. Ce sont les ratissages qui se poursuivaient, a déclaré la Minusca.
Une attaque « vigoureusement repoussée » selon le Premier ministre
Le Premier ministre, Firmin Ngrebada, a très vite pris la parole dans la matinée. Il a déclaré sur son compte Facebook que les « assaillants venus en effectifs élevés pour prendre Bangui ont été vigoureusement repoussés ». Le Premier ministre annonce la morte de 30 assaillants et de 5 éléments capturés au cours de cette journée. « Pour l’essentiel, les assaillants ont été repoussés à l’extérieur des limites de la ville », assure lui aussi Ange Maxime Kazagui, le porte-parole du gouvernement joint par RFI. Il confirme que les rebelles avaient de gros moyens : « Il s’agissait d’une agression assez forte, avec des coups de canon, des armes lourdes. Et je dois dire que, dans un temps assez rapide, les forces de sécurité intérieure, ainsi que nos forces armées, ont d’abord stoppé cette tentative, malgré toutes ces armes lourdes. »
Malgré la présence de ces armes lourdes, le porte-parole explique comment ces rebelles ont réussi à échapper à la vigilance des autorités et à se regrouper : « Il s’agit d’une guerre asymétrique, où les gens se mettent en civil, avec des armes sous les motos et parfois sous les manteaux. Ils traversent les villages nuitamment, puis se regroupent à un endroit et là, on a une attaque. Ce n’est pas une guerre frontale. C’est ce qui explique que ces gens-là puissent échapper à la vision, et de nos troupes et de celles de nos partenaires, pour se regrouper à des endroits, lancer une attaque, voir s’il y a de la résistance et battre en retraite quand effectivement la résistance est forte, comme cela a été le cas ce matin. »
Après les attaques de la matinée, le vol d’Air France, prévu ce mercredi 13 janvier, a été annulé. Le convoi de marchandises bloqué à Bangui depuis plusieurs semaines, qui devait partir ce matin pour rejoindre le Cameroun, n’a pas non plus pu quitter la capitale.