Clément Mouamba, un échoué à la primature

 Clément Mouamba, un échoué à la primature

Il faut se lever bien tôt pour convaincre un habitant de Bacongo, Talangaï, Fond Tié Tié, Kombo, Makayabu,…de quoi que ce soit, surtout de l’efficacité de l’action d’un homme politique congolais.
Le premier ministre, Clément Mouamba, n’est donc pas une exception qui confirme la règle.

Brazzaville, 15 décembre 2017. Le gouvernement dirigé par Clément Mouamba fait l’objet d’une interpellation par la Chambre basse du parlement congolais. Tout semble arrangé comme dans un théâtre d’ombre où les rôles sont bien distribués.
Jean-claude Ibovi(président du MDP, un parti de la Majorité présidentielle) ouvre le bal des questions orales.

Pour le moins, ses manières abruptes, directes et parfois désinvoltes agacent les membres du gouvernement. D’autant que sa charge est directe et précise. Le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, qui acquiesce de la tête, feint d’amortir les « scuds » lancés contre Mouamba. Le subtile jeu de mise en scène crève les yeux. Des députés du Pct au pouvoir approuvent. En témoignent les nombreuses félicitations que reçoit aussitôt Ibovi, après son one man show médiatique au parlement.
Selon certaines indiscrétions, le téléphone de la vedette du jour aurait explosé – plus de 1000 appels, extrapole une source proche du président du MDP
Cette sortie parlementaire (commandée?) confirme le dépit amoureux qui caractérise les relations entre Clément Mouamba et ses detracteurs tapis dans l’ombre au sein de l’exécutif et du législatif.

UNE FRONDE VENUE DE L’INTÉRIEUR

 » Au lieu de nous aider, Mouamba contribue au pourrissement de la situation socio- économique et financière du pays ». Cet imperium a été lancé par de méchantes langues proches du parti au pouvoir. Qui lui prêtaient des intentions « présidentialistes » en 2021. « Une biographie conçue à Paris, à l’intention du premier ministre, aurait échoué entre les mains du Chef », renchérit-on dans les milieux où Mouamba fait office de tête de turc. Une rumeur bien assaisonnée à la « mouamb » de Brazzaville et Pointe-Noire pour tenter de déstabiliser un homme qui, selon certaines indiscrétions familiales, est devenu un couche tard, le temps d’éplucher et d’affiner certains dossiers at home.

Les premiers à s’illustrer en ayatollahs qui ont lancé cette « fatwa » contre le Premier ministre, dans le but de le faire debarquer, sont ceux que l’on appelle à Brazzaville le « trio arbitral », composé de deux puissants ministres et d’un ex-haut cadre d’une grande entreprise parapublique. Les trois séides du pouvoir de Brazzaville, ainsi que certains membres influents de la famille du Chef, n’auraient pas approuvé l’initiative du premier ministre de s’en remettre au FMI pour résoudre la crise financière que traverse le Congo depuis 2013.

 » Il veut provoquer une révolte populaire pour faire tomber le Chef… », marmonnait-on, sous forme de « songui songui », dans certains milieux autorisés de la Majorité présidentielle. Mouamba en avait-il le choix, lui qui a hérité d’une situation financière et économique catastrophique? À peine 400 milliards FCFA dans la Caisse publique pour absorber les charges incompressibles de l’État. Un casse tête congolais pour trouver le différentiel pendant la dégringolade des cours du brut est abyssale. Des comptes publics au rouge.
Ceci explique t-il le retard pris par Brazzaville pour engager des discussions franches avec le FMI, à l’issue de la réunion de décembre 2016 à Yaoundé, à laquelle ont pris part Christine Lagarde et Michel Sapin, l’ancien ministre français de l’Economie?
Est-ce pourquoi certains ministres influents boudaient les réunions du conseil de cabinet, tandis que d’autres arrivaient toujours en retard ou se payaient le luxe de voyager à l’étranger sans, au préalable, se faire délivrer un ordre de mission du premier ministre ?

En tout cas, « les débuts de Mouamba ont été très difficiles à la Primature  » , reconnaît, sous couvert de l’anonymat, un conseiller du Premier ministre –  » Il en a plusieurs, dont une partie imposée de l’extérieur.

Deux d’entre eux, le professeur de philosophie, Grégoire Lefouoba, et Oyali, sollicités par Mouamba lui-même, ont été relevés de leur fonction, pour des raisons de politique politicienne. Et pour cause, certains laboratoires politiques proches du Pct ont jugé cette expertise comme une recomposition en sourdine des « lissoubistes nostalgiques »…
Il a donc fallu du temps pour que le premier ministre tienne le gouvernail pour faire respecter la discipline au sein de l’équipe gouvernementale. Les casseroles que trainait Rigobert Maboundou, son directeur de cabinet, dont le nom a été cité à tort ou à raison dans la gestion du Fonds de Soutien à l’Agriculture, n’a pas permis à Mouamba d’imprimer rapidement sa marque.

Une fois dans le bain, certains ministres, éternels retardaires au conseil de cabinet, l’ont appris à leurs dépens.
De malentendus en quiproquos, de sous entendus en remontrances, le premier ministre est visiblement passé à la vitesse supérieure pour exiger des réformes à la Snpc et dans d’autres entreprises parapubliques(Ex Sne et snde…). Cela n’a pas nécessairement été du goût de tout le monde…

S’il est vrai que Mouamba n’a pas pu moyennement répondre à la forte demande sociale, du fait de l’assèchement financier que connaît le pays, notamment les paiements réguliers des pensions de retraite, bourses des étudiants, versements des budgets de transfert…, tout porte à croire que l’audit sur la gouvernance et la corruption recommandé par le Fonds devrait permettre, à terme, d’envisager l’avenir du Congo avec optimisme. Sauf si la machine se casse au regard du retard pris par Brazzaville dans la mise en œuvre des 48 recommandations du Fonds.

Au passif également du premier ministre, figure l’audit tant réclamé par la clameur publique sur la gestion des fonds covid.
Peut-être, faut-il attendre l’évaluation en termes d’atteinte de résultats et d’efficacité, à travers les bulletins de notes des ministres que doit présenter Clément Mouamba au président de la république.

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