La Corée du Sud en alerte après un tir de missiles nord-coréens

D’après Séoul, la Corée du Nord a tiré, mercredi 2 novembre, au moins dix missiles de types différents, dont un serait tombé, « pour la première fois », « près » des eaux sud-coréennes. Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk-yeol, estime qu’il s’agit d’une « invasion territoriale ». Son armée promet une réponse « décisive ».
La Corée du Sud, qui pleure toujours les 156 victimes de la bousculade survenue lors de la célébration de la fête d’Halloween, entre le 29 et le 30 octobre à Séoul, voit le conflit avec la Corée du Nord rattraper l’actualité. Alors que l’armée sud-coréenne prend en ce moment part au plus grand exercice aérien conjoint de son histoire avec son allié américain, l’état-major interarmées national a annoncé, mercredi 2 novembre, que « la Corée du Nord a tiré un missile balistique non identifié en direction de la mer de l’Est ».
Dans un second temps, une alerte au raid aérien a été diffusée par les autorités de la Corée du Sud aux habitants de l’île d’Ulleungdo, au large de la côte orientale du pays. Il était 8h55 à Séoul quand les programmes télévisés se sont interrompus pour communiquer cette alerte inhabituelle, explique Nicolas Rocca, correspondant de RFI dans la capitale. Il a été demandé aux habitants « d’évacuer vers l’abri souterrain le plus proche ».
Séoul riposte
Kang Shin-chul, directeur des opérations pour l’état-major interarmées sud-coréen, s’est ensuite exprimé à la presse. Il a expliqué que la Corée du Nord aurait tiré au moins dix missiles de types variés, « vers l’Est et l’Ouest ». L’un d’eux serait tombé « près des eaux territoriales sud-coréennes, au sud de la ligne de limite du Nord pour la première fois » depuis que la péninsule est divisée. Un acte « très inhabituel et inacceptable », selon ses mots. Le missile tombé au plus proche de la Corée du Sud a amerri dans des eaux situées à seulement 57 kilomètres (35 miles) à l’est de la Corée du Sud continentale. « Notre armée répondra de manière décisive à cela », a ajouté Kang Shin-chul.
Yoon Suk-yeol, le président de la Corée du Sud, a convoqué une réunion du Conseil national de sécurité au sujet de ce lancement qui, selon les analystes, est l’un des plus « agressifs et menaçants » depuis plusieurs années. Le chef d’État s’est officiellement exprimé dans un communiqué. Il a qualifié ce tir de missile balistique de « provocation nord-coréenne » et juge celle-ci comme « une invasion territoriale ».
Peu après, l’armée de Séoul a rapporté avoir tiré trois missiles air-sol près de l’endroit, au niveau de la frontière maritime, où le missile nord-coréen était tombé.
Une réponse nord-coréenne à l’exercice militaire de la Corée du Sud et des États-Unis ?
Cet acte militaire de la Corée du Nord n’étonne pas Ankit Panda, chercheur américain, au micro de Nicolas Rocca : « Le fait que les Nord-coréens aient confiance en leur capacité nucléaire, qu’ils les aient prouvés et qu’ils aient tous ces missiles balistiques qui fonctionnent, va les rendre fondamentalement plus sûrs pour lancer des missiles proche d’îles sud-coréennes, ou de leurs côtes. »
Ces tirs nord-coréens semblent une réponse directe à « Tempête vigilante » (« Vigilant Storm »), le large exercice des forces aériennes de Séoul et Washington en cours depuis lundi 31 octobre. Une dynamique dangereuse pour le spécialiste des questions de défense sur la péninsule. « Nous voyons les deux côtés monter les enchères dangereusement. Les Nord-Coréens répondent à ce que font les Sud-coréens, et la Corée du Sud et les États-Unis répondent à ce que fait la Corée du Nord. Et je suis inquiet que cela puisse se transformer en la plus grave crise sur la péninsule depuis 2010. » Cette année-là, un bateau sud-coréen avait été coulé et une île sud-coréenne avait été bombardée.
Le Japon a confirmé ce lancement de missiles nord-coréens et ses garde-côtes ont recommandé aux navires la plus grande prudence. Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, a déclaré à la presse son intention de « tenir une réunion sur la sécurité nationale dès que possible » en raison de « l’augmentation des tensions dans la péninsule coréenne ».
(Avec AFP)