Les appels d’offre restreints au service de l’hégémonie ethnique

Après le pernicieux axiome sur l’« avenir des mbochi », un autre ermite du régime nous a pondu un autre subterfuge au service de la conservation du pouvoir, « les appels d’offre restreints », une stratégie qui a permis de tisser une architecture solide autour de l’empereur Sassou Nguesso, une toile qui donne aux oligarques piliers de l’empire, la possibilité d’augmenter de façon exponentielle leur surface financière, mais aussi d’écarter de façon définitive les citoyens appartenant à la soixantaine d’autres ethnies que compte notre pays.
Les congolais s’interrogent souvent sur cette magie qui fait que la presque totalité des hommes d’affaire milliardaires de notre pays appartiennent tous à la même ethnie.
- Lucien Ebata, PDG d’Orion Oil et éditeur de Forbes Afrique,
- Claude Wilfrid Etoka, PDG de la société de négoce pétrolier Sarpd Oil and Oil Palm, avec une fortune estimée à 540 milliards de F CFA,
- Paul Obambi, PDG de Sapro Group, bâtiment et distribution des produits pétroliers,
- Liste non exhaustive …
A cette liste restreinte, on peut désormais ajouter le petit dernier, Omar Junior Denis Bongo Ondimba, propriétaire du complexe agricole de Nkouo dans lequel l’état congolais avait englouti des milliards, également actionnaire à 26 ans de l’une des plus grandes banques de la place de Brazzaville la BGFI, après avoir hérité des parts appartenant à sa défunte mère. Aujourd’hui, M. Omar Junior Denis Bongo Ondimba, petit-fils du Président de la République et petit-fils du Directeur de Cabinet du Ministre des Finances, est victime de sa position très favorable au sein du clan, occupant un sofa qui lui permet de servir d’aiguillon à toutes les sociétés écrans appartenant aux malandrins du régime.
Tous ces multimilliardaires ex nihilo, qui ne sont ni fils, ni petits-fils d’industriels congolais, ont accumulé d’immenses fortunes grâce à une stratégie bien huilée, celle des « appels d’offres restreints ethniques », concoctés de génération en génération, par les ministres des gouvernements successifs de M. Sassou Nguesso.
On comprend mieux pourquoi durant les 33 ans passés à la tête de notre pays, l’empereur Sassou Nguesso n’a jamais nommé un seul Ministre des Finances ou un Ministre à la charge des Grands Travaux, qui ne soit pas de son ethnie (exception faite pour M. Mathias Dzon qui l’a été le 2 novembre 1997, juste après le coup d’état et la guerre civile, pour des raisons que nous ne développerons pas ici).
Aujourd’hui, grâce à l’indiscrétion des flagorneurs un peu trop bavards du régime, nous comprenons petit à petit, comment M. Sassou Nguesso et ses idolâtres ont fait main basse sur l’ensemble des richesses de notre pays, avec la complicité bien évidemment de certains hommes liges appartenant à d’autres ethnies.
Les congolais peuvent remercier le Général Nianga Ngatsé Mbouala et le Ministre Léon Juste Ibombo qui ont permis de lever le voile et de mettre en lumière ces pratiques obscures, demeurées jusque-là à disposition discrétionnaire des initiés des loges ethniques « restreintes ».
Une fois de plus, il ne s’agit pas pour nous de mettre à l’index tous les citoyens appartenant à l’ethnie mbochi qui au même titre que la majorité des familles congolaises, sont dans la pauvreté et la misère. Il est simplement question de pointer du doigt un mécanisme honteux, savamment entretenu par des reclus pillards qui utilisent l’ethnie comme instrument de domination et base de repli.
Comme on le voit, l’Empereur Congolais Sassou Nguesso respecte à la lettre la pensée de Caligula le troisième Empereur romain qui affirmait : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. » L’homme est en avance par rapport à Jean Bedel Bokassa.
Que Dieu bénisse le Congo.
Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen