Mouyondzi : un ca­davre éteint tous les té­lé­phones et ca­mé­ras à son en­ter­re­ment

 Mouyondzi : un ca­davre éteint tous les té­lé­phones et ca­mé­ras à son en­ter­re­ment

«Le vieux Mpandi Ma­bounda Ray­mond est resté sor­cier jus­qu’à son en­ter­re­ment » pou­vait-on en­tendre de l’as­sis­tance, ir­ri­tée de ne pas avoir pu im­mor­ta­li­ser ces mo­ments. Il a mis en veille toutes les ca­mé­ras et tous les té­lé­phones pen­dant sa mise sous terre. Même ses propres en­fants ve­nus de l’étran­ger n’ont pu cap­ter ces der­niers mo­ments au vil­lage Kolo à un jet de pierre de Mouyondzi dans le dé­par­te­ment de la Bouenza (sud).

De son vi­vant, le vieux Mpandi pos­sé­dait des pou­voirs spé­ciaux lui per­met­tant de pré­voir l’ave­nir et de dé­cou­vrir les choses. Quand un vo­leur opé­rait par exemple dans ses ver­gers, il le sa­vait et le lui si­gni­fiait. Quand un homme du vil­lage em­me­nait l’une de ses filles dans la fo­rêt pour une par­tie de jambes en l’air, il le sa­vait. Du coup, il était classé dans la ca­té­go­rie des « sor­ciers » du vil­lage.


Une fois, l’un de ses 22 en­fants, vi­vant en France, a voulu lui faire une sur­prise en dé­bar­quant à Mouyondzi sans s’an­non­cer. Au ré­veil, le vieux Mpandi avait de­mandé à ses trois épouses de cui­si­ner le porc qu’il ve­nait de faire tuer, pour re­ce­voir un étran­ger en che­min. Son fils était dé­passé en trou­vant l’ac­cueil qui lui était ré­servé. Son père Mpandi avait vu son ar­ri­vée.

Pen­dant tout le sé­jour, son fils n’a pas man­qué d’im­mor­ta­li­ser ces bons mo­ments avec ses pa­rents, mais a re­tenu une chose : « son père lui a de­mandé de ne ja­mais im­mor­ta­li­ser ses ob­sèques comme le font d’autres en­fants ».

Et quand ce­lui-ci lui a fait sa­voir que les gens le fe­ront tou­jours, lui, étant mort ne sau­rait l’em­pê­cher, le vieux Mpandi a juste souri et rap­pelé qu’il était bien le fils de son père, Mpandi wa Mpandi (un ex grand no­table).

Ce fils a pu s’en rendre compte six ans plus tard aux ob­sèques de son père, dé­cédé d’une longue ma­la­die. Toutes les ta­blettes der­nière gé­né­ra­tion et toutes les ca­me­ras se sont plan­tées pen­dant la mise sous terre du vieux Mpandi.

Aux plaintes des as­sis­tants, son fils qui pro­non­çait ses der­nières pa­roles d’adieu a rap­pelé sa der­nière conver­sa­tion lors de son sé­jour et a re­com­mandé du calme à tout le monde. A tra­vers cette scène in­vrai­sem­blable et sur­réa­liste ap­pa­raît l’autre fa­cette du Congo ré­puté pour ses gris-gris, au­tre­ment dit la sor­cel­le­rie.

Dans la so­ciété afri­caine, les phé­no­mènes in­ex­pli­qués em­pruntent le rac­courci de la sor­cel­le­rie consi­dé­rée comme la plus grande ma­ni­fes­ta­tion de la puis­sance oc­culte des sor­ciers ma­lé­fiques. La haute sor­cel­le­rie est très vi­ru­lente et puis­sante. Il n’est pas fa­cile de s’en sor­tir. Les simples prières ne suf­fisent par par­fois. Il faut du lourd…

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