Sortir notre justice de l’hébétude volontaire et assumée

Depuis l’attrape-nigaud sur la rupture avec l’impunité des magistrats annoncé à coups de darboukas, les tribunaux congolais sont en hibernation, les audiences suspendues. Et pour cause, il n’y aurait pas de budget pour assurer les passations de service, mieux le service tout court.
Aujourd’hui, les promus salivent, les débarqués grognent, les éraflés demeurent la gorge sèche, multipliant les infusions digestives, la bouillotte sur le ventre, le tout devant l’incompréhension des justiciables qui multiplient les va-et-vient devant les tribunaux, cour et palais de justice.
Que dire du Parquet Général près la Cour suprême qui s’illustre par le blocage systématique des décisions de justice au lieu de les appuyer ?
Que faudrait-il pour que ceux qui se sont arrogés le monopole de la gouvernance de notre pays comprennent enfin que la Justice est un pouvoir ? Voir notre peuple qui a énormément besoin de cette justice passer ses journées à hocher la tête devant des tribunaux en berne, est tout simplement inacceptable.
Après la mise à la retraite de certains magistrats dans le cadre de la dernière opération de saupoudrage, les justiciables peuvent-ils espérer jouir enfin du bénéfice des jugements rendus par les tribunaux et arrêts de la cour d’appel ?
Malheureusement, outre la médiocrité des différents acteurs, la corruption qui gangrène le système judiciaire congolais est un problème complexe et profondément enraciné. Dans ces conditions, crédibiliser une justice corrompue aux décisions saugrenues devrait être le défi majeur de ce pouvoir qui brille par une obsession à manipuler toutes les procédures et décisions.
Néanmoins, plusieurs pistes peuvent être explorées par M. Sassou Nguesso s’il décide de rendre cette justice acceptable des congolais.
Il devrait donc :
- Promouvoir une séparation claire des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La nomination des juges et leur promotion devraient être basées sur des critères de mérite et de compétence plutôt que sur des liens politiques ou ethniques.
- Créer des organes véritablement indépendants chargés de surveiller les activités des juges et des magistrats. Ces organes devraient être autorisés à enquêter sur les allégations de corruption et à prendre des mesures disciplinaires rapides et sévères lorsque cela est nécessaire.
- Renforcer la transparence dans le processus judiciaire, ce qui pourrait contribuer à réduire la corruption. Cette démarche pourrait être réalisée en rendant les procédures judiciaires accessibles au public, en publiant les décisions de justice et en fournissant des justifications claires concernant les verdicts.
- Impliquer la société civile et les médias dans la surveillance du système judiciaire. Cette participation citoyenne peut contribuer à accroître la responsabilité, à mettre en évidence les cas de corruption, à aider à sensibiliser le public et à renforcer la confiance dans le système judiciaire.
- Fournir une formation éthique solide aux juges, magistrats et aux autres acteurs du système judiciaire.
- Réduire les délais de traitement des dossiers et rendre le système judiciaire plus efficace en améliorant les processus et les procédures de traitement des dossiers. Cela peut être réalisé en modernisant les technologies utilisées, en simplifiant les procédures et en augmentant le nombre de juges et de personnel judiciaire.
Même si nous sommes conscients que ces suggestions ne suffisent pas pour solutionner l’ensemble des imperfections du système judiciaire congolais, nous avons tout de même la conviction que la marche en avant de notre justice nécessite une approche globale et une volonté politique forte qui permettraient de mettre en œuvre des réformes durables et efficaces.
Que Dieu délivre le Congo.
Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen